One

, par Cyril 5 commentaires Collection

Notre nouvelle série, intitulée Collection, revient sur les plus grands titres de la carrière de U2. Un regard dans le rétroviseur sur leur origine, la manière dont ils ont influencé l'histoire du groupe et leur vie sur scène.

S’il devait y avoir une chanson éternellement attachée à U2, alors One serait celle-ci. Cela serait sans doute injuste aux yeux de nombreux fans, pourtant aucune chanson passée ou à venir n’aura la force émotionnelle et symbolique que ces 4’36 placées sur la troisième piste d’Achtung Baby.

Tout commence à Berlin. L’histoire est connue. U2 se cherche, ses membres ne se comprennent plus, la musique ne vient pas, bref l’ambiance est merdique et les quatre sont à deux doigts de se foutre sur la gueule. Quand soudain… Il faut avoir vu l’excellent documentaire de David Guggenheim, From The Sky Down, pour comprendre comment fonctionne le groupe et quelle est l’emprise de Bono sur ses membres. Il y a d’abord le flair du producteur, Daniel Lanois, puis le leadership du chanteur qui embarque ses comparses dans sa tête. De sa voix, il les guide dans sa direction pour faire émerger la chanson que lui seul entend déjà. Et de ce tour de magie, certains appellent cela le talent, naîtra One. Adam Clayton dira ensuite que s’ils n’ont pas trouvé une identité musicale à ce moment là, ils ont bien mis la main sur une «identité spirituelle». U2 peut alors quitter la capitale allemande et se mettre à finaliser un album qui mettra encore de long mois à prendre forme.

One ne sera que le troisième single d’Achtung Baby, après The Fly et Mysterious Ways. Mais il aura droit à toute une série de clips. Une version tout en bisons, réalisée par Mark Pellington, une version sans intérêt faite par Phil Joannu et la meilleure, en tout cas la plus surprenante, où sous la direction de l’inénarrable Anton Corbijn, les quatre se déguisent en femmes. En toute logique U2esque, c’est évidemment la plus moche qui servira à la promotion du morceau. Les concerts viendront laver cet affront.

Il ne faut pas longtemps à One pour s’installer comme un des highlights de la tournée Zoo TV Tour. Au point qu’à ce jour, le morceau n’a jamais été absent d’un concert de U2. La marque des géants. Les premières années seront forcément les plus belles. Les spectateurs découvrent un titre ambitieux et émouvant, où Bono peut se rapprocher de son public, largement tenu à distance par le gigantisme de la scène. Non content de posséder une telle pépite, un soir du leg européen, Bono ajoute quelques nouvelles paroles en fin de chanson. «Do you hear me coming, Lord, Do you hear me call, Hear me knocking, knocking at your door, You hear me coming, Lord, You hear me call, Feel me scratching, will you make me crawl». Ces soirs là, comme cette nuit du 15 juin 1992 à Rotterdam, U2 plane sur le monde.

Évidemment, à l’instar de Where The Streets Have No Name, cette récurrence finira par nuire à la force du titre. Les versions du PoPMart n’auront guère d’intérêt, et celles du Vertigo Tour seront plombées par d’interminables discours de Bono sur la pauvreté dans le monde. A tel point que le chanteur révélera avoir été rappelé à l’ordre par son batteur qui s’était mis à chronométrer son blabla. One retrouvera quelques couleurs lors du 360° Tour. Accolé justement à Streets, comme en 2005, il conclura le premier rappel dans un beau moment de communion, même si d’évidence une part de magie semble avoir irrémédiablement disparu. Après avoir transporté tant et tant de foules, soulevé tant d’émotion, One ne parvient plus qu’occasionnellement à raviver la flamme. Est-ce que nous demandons trop ? Sans doute, mais c’est le rôle des véritables géants que de pouvoir répondre à de telles attentes.

Discussions

5 commentaires ont été publiés pour cet article.

unforgettableu2

ce qui veut dire aussi qu’un concert de 2 heures en acoustique pour bono est une utopie
impatient de voir si la montagne va accoucher d’une souris ou s’ils vont etre vraiment originaux dans la forme comme dans le choix des titres

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wiky

Totalement d accord avec Bert

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vincent@75

Titre superbe, qui mériterait d’être revisité par le groupe en concert, ne serait ce qu’en le plaçant autrement dans la set list, pas systématiquement en guise de rappel … A l’instar de son alter ego « with or without you », lui aussi bien usé jusqu’à la corde.

Contrairement à vous, je pense au contraire que l’interprétation de « where the streets have no name » a davantage évolué au gré des tournées et a su garder intacte l’émotion pour un titre lui aussi tellement écouté.

One, c’est aussi un des derniers singles du groupe avec des faces B dignes de ce nom. Et, au delà des clips, une des dernières belles pochettes de single du groupe (je ne parle pas des albums)

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bert

One mérite beaucoup mieux que ce qu’elle est devenue depuis une dizaine d’années. C’est dingue la différence entre les versions du Zoo TV Tour et les prestations indigestes de ces dernières années. Ca ne tient pas à grand chose, juste un peu d’investissement et d’application de la part de Bono… Pourquoi pas en effet la positionner ailleurs qu’après 1h30 de concert, avec plus de fraicheur!

Bon cela dit on ne fera jamais pire qu’en 2005 avec les discours de 15 minutes sur la pauvrète.

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bouba

Complètement d’accord.
D’ailleurs la version de glastonbury et bien plus rythmée et mieux chantée que sur le 360 tour et est placé en début de concert.

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