30

Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill Me

Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill Me est sans doute le meilleur single de U2 jamais sorti hors album. Le titre surfe sur l’état de grâce du groupe après la tournée ZooTV. Un morceau collant parfaitement à l’ambiance du film pour lequel il fait office de bande originale, mixant de façon habile les cordes et l’électrique. Brillant en live en 1997, il sera tout autant apprécié lors du 360° Tour. Dommage que U2 se soit contenté d’une bande son lors du E+I Tour.

29

Beautiful Day

All That You Can't Leave Behind

Si U2 a réussi sa mission reconquête du début des années 2000, il le doit en grande partie à Beautiful Day. C’est l’ultime gros tube de leur carrière, marquant leur retour à la pop/rock et au succès commercial après l’expérience Pop. The Edge ressortit même pour l’occasion sa vieille guitare de Boy. En tant que Français, nous ne pouvons que féliciter les U2 d’avoir choisi l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour venir tourner le clip qui allait signer ce grand retour. La production est léchée, le refrain est ravageur, et le titre est devenu vingt ans plus tard impossible à sortir d’une setlist, le plus souvent pour le meilleur, mais parfois aussi par routine.

28

Gone

Pop

Gone est sans doute la meilleure composition de Pop. C’est un titre puissant, personnel, et attachant. Il tiendra presque deux tournées complètes en concert ce qui est une sacrée performance pour un morceau de Pop. Il sera d’ailleurs bonifié sur l’Elevation Tour (malgré cette scène ridicule de The Edge cassant sa guitare à Boston pour s’acheter une caution de rock star) et le nouveau mix réalisé pour le Best Of 1990-2000 lui donnera un son plus brut et plus rock.

27

Exit

The Joshua Tree

Exit est l’un des titres les plus sombres de U2, alternant des couplets très calmes glissant sur la basse d’Adam et des refrains violents tailladés par Edge. Une composition unique dans la discographie du groupe. Le titre est tout simplement monstrueux en concert. On ne remerciera jamais assez la tournée anniversaire de Joshua Tree pour nous avoir donné la chance de le réécouter 30 ans plus tard.

26

The Wanderer

Zooropa

Titre de clôture de Zooropa, The Wanderer est née comme une plaisanterie, dans la volonté de conclure l’album par un titre déconcertant et inattendu. Le groupe en fera une ballade à part, construite autour d’un texte écrit pour Johnny Cash et que l’homme en noir viendra chanter lors d’un passage à Dublin.

Quiconque jugerait étonnante cette vingt-sixième place est invité à (re)voir l’unique prestation live du morceau, jouée sur la scène du Vertigo Tour un soir de novembre 2005, pour une émission TV en hommage à Johnny Cash. Un moment de grâce et de magie pure durant lequel le temps s’arrête et U2 écrase tout sur son passage. Un moment qui nous rappelle tout simplement pourquoi on est et on restera fan de ces quatre mecs jusqu’au bout.

25

New Year’s Day

War

Il ne manque pas grand chose pour que New Year’s Day ne devienne un jour l’hymne national de la Pologne. C’est toujours un bonheur de voir ces hordes de fans polonais vibrer pour ce titre et le demander à chaque apparition de U2 sur scène.

Premier tube de l’histoire de U2, porté par la basse d’Adam, New Year’s Day a moins bien vieilli dans sa version studio que Sunday Bloody Sunday. C’est néanmoins un titre majeur de sa carrière et le groupe a eu l’élégance de le faire (un peu) tourner des setlists. On saluera les deux versions revues et corrigées proposées sur les deux dernières tournées.

24

Iris (Hold Me Close)

Songs of Innocence

Dix ans plus tard, Bono signe le pendant de Sometimes You Can’t Make It On Your Own, cette fois-ci dédié à sa mère. Un titre si poignant et si personnel qu’il appellera son frère la veille de la sortie de l’album pour s’assurer de la démarche. Iris (Hold Me Close) est une superbe composition, intense et profonde, l’un des (nombreux) morceaux forts de Songs Of Innocence, parfaitement ancré dans son concept. Ce fut également un élément central de la tournée qui suivit. On aime quand Bono chante avec ses tripes et se dévoile sur scène.

23

Mofo

Pop

Bien sûr ce titre sera toujours loin de faire l’unanimité. Mofo est l’aboutissement du cheminement commencé avec Achtung Baby et poursuivi avec Zooropa. C’est le symbole de Pop. U2 est alors au sommet de son expérience électronique, juste avant de rétropédaler et de rentrer dans le rang. Un titre jouissif pour quiconque aime ce type de sonorité et cette période de la carrière du groupe.

On apprécie également le thème du morceau, le fait que Bono s’adresse directement à sa mère, à ses filles, et s’interroge sur son statut de rock star. Tragiquement porté disparu depuis, Mofo fut l’excellent titre d’ouverture de la tournée Popmart. Le souvenir de Bono haranguant la foule dans son peignoir de boxeur avant que les lumières du Popmart ne fassent exploser le stade reste profondément ancré dans notre mémoire de fans. Une mention spéciale doit être accordée à la version jouée aux MTV Europe Music Awards après une introduction enflammée de Dennis Hopper. Un moment de grâce.

Un clin d’oeil enfin à cette version démo du morceau, écoutable sur une vidéo promotionnelle à destination d’Universal en 1996, nettement plus brute et plus rock que la version finale, et qui confine tout bonnement au sublime.

22

Discothèque

Pop

Discothèque c’est l’histoire d’une dernière fois. La dernière fois que U2 a sorti un single qui nous a botté le cul à la première écoute. La dernière fois qu’il a été au bout de son idée sur le plan artistique. La dernière fois qu’il a osé prendre le risque de ne pas plaire à tout le monde. La dernière fois que Larry a accepté de faire n’importe quoi dans une vidéo. Bref la dernière fois que U2 a été cool aux yeux du monde entier.

Brillant premier single de Pop, Discothèque pousse au plus loin les inspirations électro du groupe. Le titre nous plaît pour son riff, sa richesse sonore, ses visuels multicolores, et sa légèreté. Jamais le groupe ne se prend au sérieux et le clip de Stéphane Sednaoui en est l’illustration indélébile.

Malheureusement sa carrière live tournera court. Moment central du Popmart Tour, transformant le stade en club géant, le morceau disparaîtra ensuite des setlists malgré quelques versions intéressantes en 2001 et deux apparitions miraculeuses en 2005. Tout semblait réuni pour le ressortir sur l’Experience + Innocence Tour, notamment en Europe à la place de Even better, dommage que le groupe ne l’entende pas de cette oreille.

21

No Line On The Horizon

No Line On The Horizon

No Line On The Horizon est sans hésitation la pièce maîtresse de l’album du même nom. Un titre électrique, profond, où se mêlent avec efficacité la patte indélébile du groupe et les influences orientales qu’il expérimente sur la majeure partie de l’album. La rythmique rapide, énergique, et saccadée porte le morceau du début à la fin et s’accompagne d’envolées communicatives de Bono. On se rappelle d’ailleurs avec frisson de la foule du Camp Nou reprenant spontanément les “oh-oh-oh” dès les premières notes lors de l’ouverture du 360° Tour.

On aime également la version alternative du morceau, plus propre et plus pop, dont le titre est sobrement affublé d’un numéro 2. Une mention spéciale également pour la sublime et très brute version live enregistrée aux studios d’Hannover Quay.

20

Zooropa

Zooropa

U2 était en 1993 au sommet de son art, entraîné dans la spirale de Zoo TV et dans un délire créatif qu’il n’égalera plus jamais par la suite. La chanson Zooropa est l’aboutissement du concept, un chef d’oeuvre futuriste et la synthèse d’une tournée hors norme.

Les Irlandais nous offrent ici un titre exceptionnel et hors du temps, superbe dans sa construction avec cette lente introduction de plus de deux minutes et ce tempo final qui s’emballe, brillant dans son texte construit à partir de slogans publicitaires, et unique dans sa production avec ses sons de guitares électroniques venus d’ailleurs. Avec Zooropa U2 touche au sublime durant six minutes trente. Son apparition inattendue, toutes lumières éteintes, lors du 360° Tour avait été une des belles surprises de cette tournée. Et même son seul couplet chanté en Europe lors du I+E Tour en 2015 en introduction de Streets était parfaitement à propos.

On salue au passage l’audace de commencer une chanson par une phrase en allemand, une langue trop souvent négligée dans nos sociétés décadentes.

19

I Will Follow

Boy

Combien de titres peuvent se targuer de représenter aussi bien U2 ? Grâce à un riff de guitare mémorable et à un refrain redoutable, I Will Follow traverse les époques sans prendre une ride. C’est un monstre sur Boy et en concert depuis quarante ans, un incontournable qui n’a pas d’équivalent pour faire bouger tout un stade sans aucun artifice.

18

Sometimes You Can’t Make It On Your Own

How To Dismantle An Atomic Bomb

Sometimes You Can’t Make It On Your Own est peut-être le morceau le plus chargé d’émotion jamais écrit par Bono. Difficile de rester de marbre devant le clip de Phil Joanou, version “Single Take”, où il chante a capella en marchant dans les rues de Dublin, la voix éraillée, et tout le poids du morceau sur ses épaules. Le titre nous arrache les larmes par son intensité et par le fait que Bono s’adresse directement à son père disparu, dans une démarche poignante qui nous parle à tous.

17

Love Is Blindness

Achtung Baby

Love Is Blindness est sans doute la meilleure clôture d’album jamais écrite par U2. Un titre aux sonorités uniques, porté par des paroles de haut vol, transcendé par le solo de The Edge et fantastique en live pour clôturer les concerts du Zoo TV.

Love Is Blindness c’est aussi le souvenir de la gueule défaite de Bono, quittant la scène du Zooropa Tour lessivé et le maquillage dégoulinant sur un morceau d’une noirceur rare. C’est également cette version acoustique mémorable interprétée par The Edge dans un théâtre vide pour le film From The Sky Down. Deux facettes sublimes de ce morceau.

16

Cedarwood Road

Songs of Innocence

Cedarwood Road est l’une des plus belles réussites de Songs Of Innocence, bien emmenée par le riff de The Edge et les paroles touchantes de Bono sur sa jeunesse à Dublin. Aucun autre titre de U2 ne peut se vanter d’avoir fait l’objet d’une mise en scène plus réussie en concert. C’est comme si toute la scène de l’Innocence + Experience Tour avait été construite sur la base de ce morceau. Voir Bono et The Edge se promener dans la rue de leur enfance était tout simplement un moment génial.

15

Bullet The Blue Sky

The Joshua Tree

Avec Bullet The Blue Sky, U2 signe son texte le plus engagé politiquement. Écrite pour dénoncer l’interventionnisme américain en Amérique Centrale, Bono demandera à The Edge de “mettre El Salvador dans l’ampli” et c’est sans doute ce qui amènera cette guitare hurlante, agressive, exploitant le larsen pour créer une ambiance hostile unique.

Le morceau a pris une dimension majeure en concert, évoluant au fil du temps et des messages véhiculés par le groupe pour offrir des prestations et des mises en scène sans cesse renouvelées. On pense en vrac à la version Popmart où Bono s’amuse avec un parapluie aux couleurs du drapeau américain, à cette version de 2001 où il braque un projecteur sur la foule avant de le retourner contre lui comme une arme, ou encore à la version de 2015 – l’une des plus abouties – habilement transformée en discours contre les pays vendeurs d’armes.

14

Acrobat

Achtung Baby

Acrobat est l’un des meilleurs morceaux d’Achtung Baby, un titre sombre, dur, porté par un superbe riff de guitare et des paroles torturées dans lesquelles Bono dévoile ses propres faiblesses et contradictions. U2 n’est jamais aussi bon que lorsqu’il arrive à générer une imagerie par sa musique, et c’est le cas ici en nous entraînant dans une atmosphère de confusion caractéristique, suffocante, presque hallucinatoire.

Devenu légendaire auprès des fans, Acrobat a frustré son monde pendant vingt-cinq ans en étant le seul titre d’Achtung Baby injustement privé d’interprétation en concert. Le groupe corrigera le tir en 2018 en nous offrant l’un des moments les plus inspirés de sa tournée Experience + Innocence, un moment captivant et électrisant, orchestré par le retour vieilli et plus diabolique que jamais de MacPhisto. Même The Edge réussira ses solos. L’attente en valait la peine.

13

Elevation

All That You Can't Leave Behind

Bien sûr on pourrait être impitoyable et analyser Elevation en prenant sa version single et son clip infâme, destiné à promouvoir un film de seconde zone, où les pauvres U2 ne croiseront même pas Angelina Jolie.

Mais on a voulu prendre le bon côté des choses, à savoir sa version album, plus funky, mixant avec brio la grosse guitare, l’acoustique, et l’électronique. Un morceau qui nous a enchanté dès la première écoute, avant de nous faire bouncer en concert. L’arrivée sur scène en 2001 avec l’enchaînement de l’Influx Mix et de la version live, lumières allumées, est un souvenir mémorable.

U2 a un superbe répertoire mais combien de titres arrivent à faire se lever un stade de 80 000 personnes en trois notes ? Quelle efficacité! On aime Elevation car c’est un titre populaire, qui vous embarque dès les premières notes pour ne plus vous lâcher. Tant pis pour les “ouh-ouh” et les paroles qui ne volent pas bien haut.

12

With Or Without You

The Joshua Tree

La version studio de With Or Without tutoie la perfection et fut un succès sans précédent pour le groupe, devenant son premier numéro un dans les charts américains. Elle reste l’un des cinq tubes majeurs de sa carrière. Sa ligne de basse et sa guitare planante sont rentrées dans l’histoire. On aime la structure du titre qui commence comme une ballade romantique, avant d’entamer une montée progressive, longue, sensuelle, et de se faire de plus en plus lourd et passionné jusqu’à exploser sous l’impulsion de Bono.

On retient évidemment les versions live de 1987, majestueuses, accompagnées d’un snippet magique de Love Will Tear Us Apart et du mythique et jouissif “Shine Like Stars”. On aime également la version du leg 5 du Zoo TV Tour, s’enchaînant avec brio à Lemon et chantée avec plus de distance. Le titre est devenu depuis un peu lassant en live, interprété avec moins de conviction, et aurait mérité qu’on le ménage de temps en temps. Mais comment reprocher à U2 d’avoir du mal à se priver d’un tel tube ?

11

Ultraviolet (Light My Way)

Achtung Baby

Ultraviolet est l’une des perles d’Achtung Baby. Il forme avec Acrobat et Love Is Blindness un trio magique clôturant l’album de manière exceptionnelle. Le titre parle d’amour, ou plus exactement du couple, de dépendance affective et de crise existentielle, des sujets omniprésents dans cette fin d’album. On apprécie la sincérité du texte et l’ambiance envoûtante du morceau qui vous prend dès sa mystérieuse introduction.

Superbe en version studio, le titre l’est tout autant en concert lors du Zoo TV Tour. Mais c’est sa réinvention en 2009 pour le 360° Tour qui le fera passer dans un autre univers. Le souvenir de Bono, pendu avec sa veste lumineuse à son micro rond à LED, est mémorable. Le titre, s’enchaînant à With Or Without You, incarnait alors parfaitement cet amoureux décati et contrarié dépeint dans les paroles.

10

Sunday Bloody Sunday

War

Au delà du génial riff de guitare, c’est grâce à sa rythmique, et notamment à la prestation mythique de Larry Mullen, que Sunday Bloody Sunday deviendra le plus grand tube de l’histoire de U2. Un bel hommage pour le batteur qui fut à l’origine de la formation du groupe.

Sunday Bloody Sunday définit U2 comme un grain de beauté au milieu du visage, un truc qu’on a pour la vie et qui fait votre spécificité. C’est la quintessence de U2, un titre efficace, reconnaissable entre mille, vecteur d’un message fort, engagé politiquement, se battant contre l’injustice et pour la tolérance. Un tube mondialement connu et incontournable.

On aime son côté éternel et sa faculté à traverser les époques en continuant à déclencher la clameur dès les premiers coups de batterie. On aime aussi les variantes que le groupe a fait l’effort de proposer, notamment la version solo de The Edge en 1997 – alors que personne n’imaginait le titre être rejoué à l’époque – ou la version allégée de 2015.

9

Vertigo

How To Dismantle An Atomic Bomb

«U2 n’est pas vraiment un groupe de rock, c’est plutôt un groupe de folk, le plus bruyant des groupes de folk. Mais de temps en temps, surgit un morceau comme Vertigo, qui vous donne envie de brûler votre maison». Tout est dit dans cette citation de Bono datant de 2006. Vertigo n’est pas U2, ne caractérisera jamais vraiment U2, mais sera certainement un des plus grands aboutissements d’un groupe dont les racines punk n’avaient jamais à ce point rejailli sur une chanson.

Plus que par ses diffusions radio, c’est par la campagne de pub pour l’iPod – dont il fut le fer de lance en 2004 – que Vertigo deviendra un tube, le dernier de la carrière de U2. Titre percutant, brut, sauvage, et au refrain entêtant, le premier single d’How To Dismantle An Atomic Bomb avait tout pour exceller. Même les paroles sont inhabituellement creuses, comme si le groupe avait accepté de totalement se dépouiller pour ne laisser parler que le son d’un guitariste déchaîné.

C’est en concert qu’il deviendra l’un des chefs d’oeuvre du groupe. Taillé pour le live, il offre des performances jubilatoires. Dès ses premières apparitions promo il fait mouche. L’accouplement avec Stories For Boys sur le premier leg du Vertigo Tour fait merveille. Il faut aussi se souvenir d’un soir de concert dublinois en 2005 lorsque Bono décide d’embarquer son groupe dans une double fin d’anthologie. Un gimmick qui sera ensuite conservé. Le titre ne quittera plus jamais les setlists du groupe. Mieux il sera même joué deux fois lors du leg européen. Quatre ans plus tard, son petit lifting du 360° Tour lui donnera encore davantage d’allure, U2 le faisant précéder d’une alarme assourdissante, accélérant encore son tempo, et validant si cela était nécessaire que Vertigo est tout simplement son titre rock ultime.

8

Bad

The Unforgettable Fire

Bad est un titre hors norme, perçu par beaucoup de fans comme le plus grand morceau du répertoire de U2. Touchant en studio, avec ses guitares et sa basse caractéristiques, ses paroles poignantes et sa montée progressive, c’est néanmoins en concert qu’il gagnera ses titres de noblesse. Sublimé par le live, le morceau nous a offert des moments d’intensité rarement égalés, des versions mythiques s’étalant sans complexe sur plus de dix minutes et des snippets mémorables.

On salue évidemment la prestation de Bad au Live Aid en 1985, que seul le géant Queen parviendra à éclipser, durant laquelle Bono – habité – se révèlera au grand public en sautant de scène pour extirper une fan de la fosse et en enchaînant les snippets mythiques, des Rolling Stones à Lou Reed. On salue également, plus confidentielle, la version jouée au Man Ray en 2000, incluant un sublime extrait de “Ne me quitte pas” et qui vingt ans plus tard nous donne encore la chair de poule.

7

The Troubles

Songs of Innocence

The Troubles est probablement la plus belle composition de Songs Of Innocence, un morceau délicat et superbe en clôture d’album, maniant avec subtilité les cordes et la voix de Lykke Li. Alors que celle-ci n’était venue enregistrer qu’un passage seule en studio, elle fut rappelée pour une seconde session par Bono, trouvant qu’elle sublimait le morceau. Le duo fonctionne en effet à merveille. U2 y apparaît tout en finesse et en maîtrise et signe un titre fort sur tous les plans, dont le seul défaut est finalement de ne pas durer assez longtemps. On aurait aimé que le groupe le défende en live.

6

Until The End Of The World

Achtung Baby

Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, Until The End Of The World n’est jamais sorti en single. C’est pourtant un titre qui fait l’unanimité et qui est devenu absolument incontournable en live. Une pièce maîtresse de la carrière de U2. Le groupe y est au sommet de son art, à la fois musicalement et dans le texte. Fantastique en concert, Until nous offre des mises en scène mémorables et sans cesse renouvelées, meilleures de tournée en tournée. On apprécie en particulier le jeu de scène offert en 2001 sur la tournée Elevation et, bien sûr, la version 2015 totalement ébouriffante et sa mise en scène superbe dans l’écran, Bono en profitant pour gratter virtuellement les parties intimes de son guitariste.

5

The Little Things That Give You Away

Songs of Experience

A presque 60 ans, Bono se rappelle qu’il peut écrire de grandes choses. The Little Things That Give You Away est un chef d’oeuvre poignant, superbement bien construit, aux paroles qui désarçonnent. C’est une introspection dans laquelle le chanteur dévoile ses doutes et ses peurs, face au temps qui passe et à ce qu’il est devenu, face à toutes ces choses qui le trahissent, et face à la fin qui un jour frappera à la porte. Un morceau qui définit à lui seul le concept d’expérience.

Il est difficile d’écouter “Little Things” sans envisager l’hypothèse qu’on a là l’ultime chanson de la carrière du groupe. C’est probablement ce qui empêchera le groupe de le mettre en dernière position de l’album, évitant ainsi toute interprétation pessimiste.

On aime particulièrement la version enregistrée en live pour Spotify, magnifiée par le piano, et dont le dépouillement renforce la charge émotionnelle. Une vraie réussite pour l’un des morceaux les plus bouleversants de la carrière du groupe.

4

Every Breaking Wave

Songs of Innocence

Every Breaking Wave est le chef d’oeuvre de Songs Of Innocence, un morceau fantastique où U2 avance avec retenue et sobriété sans chercher à en faire des caisses. C’est l’une des meilleures compositions pop du groupe, un morceau délicat, plein de poésie et dont le refrain, accouché sous la houlette de Ryan Tedder, est imparable. Il convient de le savourer au regard du superbe court métrage de 13 minutes qui l’accompagne et qui nous emmène dans l’Irlande du Nord des années 70.

Le titre prendra une dimension encore supérieure associé à un orchestre. La version acoustique, sortie en bonus de l’album, aborde le morceau sous un angle plus subtile et moins pop. La version single ira encore plus loin et nous fera regretter que U2 n’ait pas osé ramener un orchestre sur scène chaque soir de la tournée Innocence + Experience Tour. Nul doute que ce moment viendra un jour, quand le groupe s’ouvrira à des formats de concert plus variés.

3

Where The Streets Have No Name

The Joshua Tree

S’il devait n’en rester qu’une ce serait probablement elle. Fantastique ouverture d’album, Where The Streets Have No Name n’a pas eu le succès commercial de With Or Without You ou d’I Still Haven’t Found à sa sortie, mais elle s’est installée avec le temps et a pris une dimension gigantesque en live. C’est la pièce maîtresse de la carrière de U2 en concert.

The Edge a composé le titre seul dans son coin, trouvant qu’il manquait un morceau taillé pour le live dans The Joshua Tree. Bien lui en a pris. Le résultat est à la hauteur de son ambition. Plus qu’aucun autre Streets est un titre aérien respirant les stades et les grands espaces. Testé dans toutes les configurations, en ouverture, en coeur de setlist, ou dans les rappels, il est toujours le sommet d’un concert de U2. Il suffit d’écouter la clameur de la foule dès que sa longue introduction résonne et la façon dont elle électrise tout un stade. Comme le dira Bono, Streets est le seul titre du groupe capable de transformer en réussite un concert raté.

2

The Fly

Achtung Baby

The Fly est un tremblement de terre à lui tout seul. Bono dira que cette chanson est “le bruit de quatre mecs en train d’abattre The Joshua Tree” et on ne peut pas trouver de meilleure métaphore. Sorti en premier single d’Achtung Baby, The Fly est annonciateur de l’album et d’un groupe qui entame sa révolution. C’est une claque par le son, celui d’un U2 qui bascule dans les années 90 par un rock dur, sombre, industriel, trafiqué, s’ouvrant à la dance et à l’électronique. C’est aussi une claque par l’image d’un Bono qui pour la première fois se dissimule derrière un personnage, s’habille en cuir, se cache derrière des lunettes noires, et bascule dans l’ironie pour mieux déstabiliser son audience.

The Fly est une histoire de contrepied, de destruction de son image, et d’être là où personne ne vous attend. C’est l’oeuvre majeure de U2 dans sa période la moins consensuelle et la plus créative. Le groupe y côtoie tout simplement la perfection, apportant dans ses valises tout le concept de Zoo TV qui fera sa splendeur pendant deux ans. Brillant en concert, le titre submergera chaque soir la foule de ses slogans et de sa puissance. Mieux, il résistera au temps pour se réinstaller durablement dans les setlists en 2001 et en 2005, ou comme pompier de service en 2011 et 2018 lorsqu’il s’agira de rendre hommage à Achtung Baby. On salue avec nostalgie la version alternative proposée sur l’Elevation Tour et le souvenir superbe de Bono s’écrasant comme une mouche sur l’écran!

1

One

Achtung Baby

S’il devait y avoir une chanson éternellement attachée à U2, alors One serait celle-ci. Aucune chanson passée ou à venir n’aura la force émotionnelle et symbolique de la troisième piste d’Achtung Baby.

One est un chef d’oeuvre né d’une inspiration géniale de Bono, alors que le groupe était coincé à Berlin dans des séances d’enregistrement stériles et conflictuelles. Le documentaire From The Sky Down montre ce moment de magie au cours duquel le chanteur guide le groupe vers une mélodie qu’il a déjà dans sa tête. Ce déclic transformera l’album et sera à l’origine du plus grand morceau de la carrière de U2.

Au delà d’être un morceau superbe, One est aussi un texte complexe, soumis à diverses interprétations. Pris à tort par les profanes pour une chanson d’amour, c’est un morceau plus sombre, pouvant certes évoquer l’unité mais aussi la séparation et la difficulté à vivre ensemble. Le clip d’Anton Corbijn, filmé à Berlin, et dans lequel le groupe se travestit pour mieux brouiller les pistes, est l’un des meilleurs de leur carrière et traduit à merveille l’atmosphère de la chanson.

Décliné en plusieurs versions (acoustiques, symphoniques, ou même rnb), One aura connu plusieurs vies, donnant même son nom à une oeuvre humanitaire. Joué à quasiment tous les concerts du groupe depuis sa sortie, il l’est souvent aujourd’hui au prix de discours interminables, signe qu’il est devenu bien plus qu’un simple titre pour le groupe et son public.

On préfère donc retenir ses premières années, notamment ces premiers soirs du Zoo TV Tour au cours desquels Bono ajoute peu à peu de nouvelles paroles en fin de chanson. «Do you hear me coming, Lord, Do you hear me call, Hear me knocking, knocking at your door, You hear me coming, Lord, You hear me call, Feel me scratching, will you make me crawl». Ces soirs là, comme cette nuit du 15 juin 1992 à Rotterdam, U2 plane sur le monde.