Pop

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«Mal aimé, je suis le mal aimé…», vous connaissez la suite. Etrangement, Pop est un bébé moins aimé de ses quatre papas biologiques que de ses millions de parents adoptifs. Début 97, U2 lance quasi simultanément un single, un album et une tournée.

Un empressement inédit, qui servira d’exemple pour le reste de la carrière des Irlandais. Plus personne – pas même leur très influent manager Paul McGuiness – ne leur dictera dorénavant leur rythme de travail. Avant le PopMart, il y a donc eu Pop et avant Pop, l’époustouflant Discothèque.

Premier single hors norme d’un projet punk. Cette sirène lointaine qui appelle au réveil, ces cris de guitare enveloppants, cette voix sortie de boîte de nuit, ce rythme de basse Claytonesque, doucement perché, ce riff sec, cette batterie –certes électronique, il n’y a rien de U2 et pourtant tout ce morceau est du U2 pur jus. L’accroche, la guitare cristalline de The Edge, les rythmes forts, le pont, le final up-tempo, tout y est ! La version remixée qui sortira sur le best-of 1990-2000 est encore plus forte. Moins de guitare en ouverture, quelques nappes de synthés, la voix de Bono et le grand saut. Une version plus live en somme. Il faut en profiter car depuis le PopMart, le morceau n’a été joué que cinq fois en 2001 et deux fois lors du Vertigo Tour. Il est bien sur interdit de suivre le bullshit de certains décérébrés qui veulent faire croire que ce titre a figuré à une quelconque setlist du 360° Tour.

Ainsi va la vie de Pop, relégué au rang de snippet comme un vulgaire morceau des Beatles. Quinze ans après sa sortie, il n’en reste rien. Gone et Wake up Dead Man se sont bien offerts quelques sorties remarquées lors de l’Elevation Tour ; Staring at the Sun aussi a eu le droit à quelques réanimations, avant d’être laissé pour mort dans une ruelle new-yorkaise, mais rien de notable. Gone avait pourtant bénéficié lui aussi d’un superbe lifting sur le Best of, mais rien n’y a fait, il n’y avait plus de place pour Pop.

Trop européen, trop techno selon quelques paysans américains, pas assez engagé, trop intello, Pop a été un échec. 8 millions d’albums dans la nature certes, mais un échec tout de même. Il n’a pas plu aux Etats-Unis, fer de lance du business U2. Ouvrir l’album par trois titres très électro, dont le certes moyen Do you feel loved mais également l’intouchable Mofo était un parti pris fort pour le groupe. Ce fut un raté. Et tant pis si au passage Bono y faisait une adresse directe à sa mère disparue.

Le gigantisme du PopMart Tour, aux débuts américains très chaotiques a finalement convaincu la planète entière, s’offrant une ultime étape en Afrique du Sud, pour les premiers concerts africains du groupe. Seul regret, une setlist totalement figée et sans surprise, à l’exception de ce soir de septembre à Sarajevo où Brian Eno, son synthé minable et le sublime Miss Sarajevo font leur apparition.

Le sentiment général va pousser U2 à abandonner l’électronique et les tournées en stade pour revenir à des bases solides. Pop clôt sur une note amère une formidable période d’expérimentations, peut-être la décennie la plus créative du groupe. Il est temps d’arrêter de rêver et de revendre du disque, «Sucking Rock And Roll».

A propos de cet album

Neuvième album studio de U2.

Sorti le 3 mars 1997 en Europe et le 4 mars 1997 en Amérique du Nord.

Enregistré en 1995 et 1996 à Dublin (Hanover Quay studios, Windmill Lane studios, The Works) et à Miami (South Beach studios).

Produit par Flood, Howie B, et Steve Osborne.

Singles :

  • Discothèque
  • Staring At The Sun
  • Last Night On Earth
  • Please
  • If God Will Send His Angels

Tournée :

Popmart Tour 1997/1998 (93 concerts).
Ouverture le 25 avril 1997 à Las Vegas (Nevada, USA). Clôture le 21 mars 1998 à Johannesbourg (Afrique du Sud).

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