Anaheim, Californie, l’endroit où il fallait être

, par bert 7 commentaires

Les deux concerts de San Diego avaient été les grands révélateurs du Vertigo//2005 au public et aux fans. Deux concerts très réussis, de très haut niveau pour des concerts d’ouverture, mais encore perfectibles comme Bono l’avait lui même déclaré sur scène et au détour d’une brève rencontre autour de la Sports Arena. Le premier concert d’Anaheim fut un vrai coup de tonnerre tant U2 prit tout le monde par surprise en bouleversant complètement la setlist, dès le troisième concert de la tournée.

Aussi le lendemain, lors de notre entrée à l’Arrowhead Pond d’Anaheim, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. U2 profiterait-il des expérimentations de la veille pour proposer une setlist améliorée par rapport à San Diego ? Ou aurions-nous à nouveau droit à un set complètement nouveau ? Les réponses n’allaient pas tarder a venir.

Première surprise lorsque nous pénétrons dans la salle : celle-ci est immense. Bien plus grande que la Sports Arena de San Diego. L’Arrowhead Pond est une salle de conception récente et moderne, pouvant contenir 20.000 personnes en configuration concert. Alors que nous entrons après le set de Kings Of Leon, la salle est toujours très peu remplie. Et rien ne change plus le temps passe.

21h, le volume sonore monte brusquement, les lumières s’éteignent, et les ‘Everyone, everyone‘ d’introduction se font entendre. La salle n’est toujours remplie qu’à moitié, alors que le groupe prend la scène d’assaut. Les premiers sons perceptibles indiquent que c’est une nouvelle fois ‘Love & Peace Or Else‘ qui a été choisie pour ouvrir le show : une excellente nouvelle, et le public ne s’y trompe pas. Durant l’intro les quatre irlandais font le tour du catwalk avec de gros projecteurs à la main, en éclairant les tribunes, à la manière d’un hélicoptère en repérage. Ils rejoignent peu a peu leurs instruments, Bono et Larry au bout de l’ellipse, et la chanson débute dans une ambiance de folie. Pendant les trois ou quatre minutes d’introduction, toute la salle s’est remplie d’un seul coup et scande maintenant à tout rompre les « need some release, release, release » du refrain. Bluffant.

Larry a repris sa place derrière sa batterie et dans un bruit indescriptible, Bono lâche un « Unos » sous les clameurs du public. ‘Vertigo‘ embrase la scène avec sa spirale lumineuse rouge vive éclairant le catwalk. Le premier single de la Bombe a eu autant de succès ici qu’en Europe et on n’entend plus Bono chanter sur le refrain tellement la foule assure. La double fin, mélangée au snippet de ‘Stories For Boys‘ est une merveille d’efficacité, et la basse d’Adam sur le refrain final fait vibrer les fondations de la salle.

Sans transition retentissent les premières notes du tube ‘Elevation‘. C’est un plaisir chaque soir d’entendre ce titre, que personne n’attendait sur cette tournée tellement elle paraissait enfouie à jamais avec la tournée précédente. Les deux premiers couplets en duo Edge / Bono sont remarquables d’efficacité et les 20.000 mains levées sur le refrain ELE-VA-TION donnent le frisson. La chanson explose ensuite, la scène éclairée d’une lumière blanche éclatante qui ne va pas sans rappeler les entrées en scène du groupe en 2001. Quel excellent choix d’avoir placé ce morceau si tôt dans la setlist : pourvu que ça dure !

Place ensuite au trio « early days » que forment ‘Electric Co‘, ‘An Cat Dubh‘, et ‘Into The Heart‘, et qui n’avait plus été joué en l’état depuis le concert d’ouverture. Là encore, c’est un vrai bonheur que de redécouvrir ces titres que l’on croyait disparus à jamais. Le lightshow est simple, blanc puis bleu, mais le groupe a une pêche énorme et très contagieuse vue la folie dans les tribunes. Bono rampe sur le catwalk sur ‘Into The Heart’ et attrape une jeune fille dans le public, la fait monter sur scène, et lui fait faire le tour de l’ellipse. Pendant que l’enfant salue le public, amusée, les rideaux lumineux descendent lentement et Edge entame les premières notes de ‘City Of Blinding Lights‘. Les papelitos tombent du ciel et la chanson commence en force. C’est chaud, très chaud. Inutile de dire que ‘City’ a trouvé là sa meilleure place : trop tendre pour faire l’ouverture, elle nous parait parfaitement taillée pour entamer le plat de résistance consécutif aux titres « eighties » précédents. Elle fait parfaitement la passerelle entre ces trois morceaux et les trois titres des années 2000 qui suivent.

La foule a scandé jusqu’à ne plus avoir de voix les fameux « Oh you look so beautiful tonight », taillés pour le live, mais va trouver encore plus de force sur le titre suivant : ‘Beautiful Day‘, très apprécié par le public américain. Les éclairages multicolores de la scène et du catwalk sont extrêmement réussis.

Premier temps mort sur l’introduction de ‘Miracle Drug‘. Alors que des faisceaux lumineux bleus et oranges parcourent la spirale centrale de la scène, Bono dédie la chanson au pape Jean-Paul II, décèdé le jour même. Le chanteur de U2 raconte à nouveau sa rencontre avec le pape au Vatican, et la réaction du Saint-Père lorsqu’il a passé les lunettes « The Fly » offertes par Bono. Loin d’être langue de bois, il admet n’être pas en accord avec toutes les positions du Pape et de l’Eglise, mais déclare accorder un énorme respect à cet homme pour toute l’œuvre accomplie au cours de sa vie. On ne saurait qu’abonder dans son sens, et le public semble de cet avis en entonnant avec le groupe une version poignante de ‘Miracle Drug’ que Bono dédiera à toutes les personnes malades de la planète.

Sometimes You Can’t Make It On Your Own‘ est de la même veine, sans surprise mais émouvante et passionnée, c’est déjà une habitude. On se surprend à la comparer à ‘Stuck In A Moment’, sa grande sœur de l’Elevation Tour, mais la comparaison ne tiendra pas longtemps tant U2 navigue dans des sphères supérieures cette année.

Retour aux années 80 avec ‘New Year’s Day‘, ‘Sunday Bloody Sunday‘, puis ‘Bullet The Blue Sky‘, des valeurs sures et des recettes toutes faites pour achever une salle qui n’avait pourtant pas besoin de cela. C’est bruyant, très bruyant, très au-dessus de tous les concerts auxquels nous avions assistés jusque ici. Et ce n’est pas une petit compliment. L’espace d’un instant nous nous demandons ce qui sature dans nos oreilles : la guitare de Edge ou les clameurs de la foule ? Les deux sans doute.

Comme lors des concerts précédents, quelques extraits de ‘The Hands That Built America’ terminent ‘Bullet’. The Edge se précipite vers son clavier et entame ‘Running To Stand Still‘. Une version classique qui a d’ores et déjà pris une dimension énorme sur cette tournée, et c’est tant mieux. Pour la première fois une partie du public s’assoit ; nous faisons de même : un peu de repos bien mérité avant l’envolée qui va suivre.

Et pour une envolée, ce fut une envolée… Une formidable envolée même. ‘Zoo Station‘ et sa fumée enivrante. ‘The Fly‘ version 2005 avec un final encore plus long que d’habitude et une basse à remuer l’estomac de toute l’audience. ‘Mysterious Ways‘ en guest-star que personne n’attendait vraiment avec ses lumières « disco » et son rythme groovy. Trois titres d’Achtung Baby pour quelques minutes de retour en arrière durant lesquelles, yeux fermés, on se serait cru lors du Zoo TV Tour.

Premier break, le groupe quitte la scène, sous une ambiance terrible. Spontanément, tout le monde sort son téléphone portable et l’agite en l’air, créant une vague lumineuse encore plus impressionnante qu’à l’époque où il était de bon ton d’allumer son briquet durant les slows. Bono ne tardera pas à remarquer cet effet de lumière et demandera d’éteindre les lumières de la scène sur ‘One’ pour profiter de ce spectacle. Effet garanti dans une telle salle. Entre temps U2 sera revenu sur scène pour interpréter ‘Pride‘ et ‘Where The Streets Have No Name‘, deux standards repris en force par toute la foule. ‘Pride’, pourtant entendue des centaines de fois en concert, nous donnera des frissons ce soir-là, alors que nous signerions des deux mains pour que U2 cesse de la jouer. Que c’est bon de hurler plus fort que Bono!

Second break, le concert touche a sa fin, et le groupe va le conclure sans surprise avec le trio ‘All Because Of You‘, ‘Yahweh‘, ‘40‘. On regrettera toujours la position un peu tardive du single ‘All Because Of You’ qui, malgré un réel engouement dans le public, arrive quand même à un moment où la fatigue devient assez intense. Sur ’40’, le groupe nous gratifie d’un nouveau raté identique au second concert de San Diego : incapables de jouer sur le même accord, Bono et Edge offrent une belle tranche de rigolade au public.

Alors que Larry vient de quitter la scène, les lumières de la salle se rallument et permettent un dernier panorama de l’endroit. Définitivement – et nous étions loin de l’imaginer avant le concert – il fallait être à Anaheim ce soir du 2 avril 2005. On oubliera tous nos préjugés sur le public américain ; ce soir il fut énormissime et a fait plus de bruit que n’importe quel public européen. Chapeau. De son coté U2 nous a offert un show d’excellente facture, encore plus puissant que ceux que nous avions vus à San Diego. Le groupe a-t-il trouvé la setlist gagnante ? Ou a-t-il décidé de varier les plaisirs à chaque concert ? L’avenir nous le dira, mais pour le moment il faut admettre que la tournée part sur les chapeaux de roues.

Discussions

7 commentaires ont été publiés pour cet article.

mirror

merci pour cette revue tres bien écrite, on se croirait au concert, bravo bert !
j’espere que ca t’a réconcilié un peu avec nos paddies ;-)

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popelevation

Bravo Bert, quelle émotion et quelle authenticité !
Ca sent le vécu, tu confonds pas écran d’ordinateur et salle de concert :-D

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bourvil

Un petit coucou du Danemark

Superbe article Bert …. ca devait etre vraiment genial de vivre ce concert> Nous attendions Love and Peace en intro ….ils l’ont fait !!!!

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Fifie

Wwwwaouwwww!!! c’est tout ce que j’ai a dire après la lecture de cet article.
Les sensations sont déjà là ; dommage que je ne possède pas de place pour assister à un concert en France. Je compte encore sur vous pour me faire à nouveau beaucoup rêver et voyager.
MERCI U2

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Rems74

C’est clair que lire cet article donne des frissons !!!!
Ca a vraiment l’air excellent cette année !!!!
Vivement l’été !!!
Malheureusement, encore 4 mois à attendre avant le concert de Nice …

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Atomic Mofo

On en redemande!!
des concerts, des revues, de l energie à revendre !

car 3 mois à attendre, ça sera along

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allan

Waowww! cet article donne des frissons !
Est-ce l’appogée de U2 ?! en tout cas j’ai hate d’etre le 09 juillet au stade de france !

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