B.B. King dans la tombe, U2 évite l’hécatombe

, par bert 6 commentaires

Magnanimes, nous avions décidé de laisser une seconde chance à U2 et au public de Vancouver malgré les avis mitigés de la veille. Nous attendions de pieds fermes des prestations plus convaincantes de part et d’autre, sous peine de partir fâchés de cette triste ville.

Piqués par nos critiques, les Canadiens et le groupe se sont hissés au niveau de nos exigences. Grand bien leur en a pris. Bono, vêtu ce soir d’une veste en cuir du meilleur goût rock and roll, a dès les premières notes cherché à électriser la Rogers Arena. S’avançant sur le runway, haranguant la foule, et déployant une énergie retrouvée, le chanteur a réussi à donner de l’enthousiasme à un public plus réceptif que la veille, et déjà réchauffé par une ola spontanée avant même l’arrivée du groupe sur scène. Grâce sans doute à une audience composée de moins d’invités et d’observateurs que la veille.

Conscient des insuffisances de son concert d’ouverture, U2 a passé l’après-midi à travailler son spectacle, apportant des évolutions notoires à l’ensemble. Si la première partie, dédiée à Songs of Innocence, ne nécessitait pas de gros changement, l’arrivée de California était tout de même espérée et n’a pas déçu. Le riff de The Edge s’intègre parfaitement au duo d’ouverture formé ce soir par Miracle et Vertigo. Son avenir reste néanmoins fragile tant que le public ne se l’appropriera pas d’avantage.

Angel of Harlem a succédé à Desire, dans un rôle d’alternance qui lui sied bien et devrait perdurer. When Love Comes To Town, dédié au défunt B.B. King a complété cet intermède Rattle And Hum, apportant un clin d’oeil attachant à l’histoire du groupe et une fraicheur bienvenue. Alors que U2 n’avait plus joué ce titre depuis près de 22 ans, il nous a offert ce soir la version la plus électrique à laquelle nous avons jamais assisté.

Miracle Drug a fait une apparition tout autant distinguée par son improbable résurrection que par son massacre total par Bono. Malgré son prompteur, ce dernier a été incapable de chanter les bonnes paroles, allant jusqu’à meubler par des logorrhées. L’idée est excellente et constitue une alternative plus qu’appréciable à un City Of Blinding Lights usé jusqu’à la corde. Quelques réglages et révisions des paroles devraient permettre d’en tirer toute la quintessence.

Bad, dans une version sans génie, et One – revisité sans synthé dans une version inédite bien plus rock – sont quant à eux venus ponctuer la fin du spectacle.

Tous ces changements permettent de fluidifier l’ensemble, notamment la seconde partie du concert qui nous avait semblé passablement désordonnée la veille. Néanmoins, on pourra regretter que ceux-ci ne se fassent pas toujours au détriment des bons titres. On s’offusquera notamment de la disparition du chef d’oeuvre The Troubles et du maintien inconditionnel de With Or Without You. Une fois de plus, Bono souffre le martyr pour nous sortir deux notes correctes, allant même jusqu’à demander à The Edge de prolonger le break final pour réussir à sortir un pathétique « ouh-ouh ». Il devient urgent d’arrêter les frais sur ce titre.

Nous quittons Vancouver avec le sentiment de ne pas avoir assisté aux meilleurs concerts de U2 mais avec l’excitation de découvrir ce que le groupe nous réserve pour son premier concert aux Etats-Unis. Jamais le groupe n’avait apporté autant de changements dans le concert suivant l’ouverture d’une nouvelle tournée. Ou bien U2 cherche encore sa setlist pour 2015 ou bien il a décidé de varier les plaisirs plus qu’à l’accoutumée. On penche évidemment pour cette seconde option, bien plus réjouissante.

Discussions

6 commentaires ont été publiés pour cet article.

wiky

Miracle Drug ! Rien que pour entendre à nouveau celle la en Live et dans un lieu bcp plus intimiste que le SdF, je signe !
Cette version a t elle enfin la puissance emotive de l’album dans une petite salle ?
J’adore cette chanson, mais elle m’avait decu en Live et je n’ai jamais su dire si cela venait du lieu d’ecoute trop grand ou du groupe en lui-mm (Bono par pudeur ?) qui n’arrivait pas à restituer ou à digerer ce theme si lourd.
D’ailleurs j’ai tjs consideré (et encore plus depuis l’ecoute de Love is Blindness par the Edge) que seul David Evans pouvait seul à la guitare pouvait interpreté ce titre.

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guffanti

Et la « pause » de cinq minutes aprés Until the end… Elle et chiante ou pas? Il passe quoi sur l’écran?

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bert

L’écran diffuse des extraits d’interviews d’artistes ayant marqué la jeunesse de U2 : Ramones, Patti Smith, Thin Lizzy, etc etc. Ça dure 5 mn, ce qui est un peu longuet. Mais c’est le temps nécessaire pour installer la batterie sur la petite scène.

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fab

question con : la batterie ne pourrait-elle pas être installée sur cette petite scène avant le début du concert pour éviter cet « intermède-entracte » ?

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bert

Elle gênerait car Bono et The Edge passent bcp de temps sur la petite scène. Ce qui est étonnant c’est qu’ils n’aient pas trouvé un système comme le piano pour qu’elle soit installée sous la scène et monte toute seule quand ils en ont besoin.

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fab

Merci de ta réponse Bert.
Effectivement c’est assez étrange que la batterie ne puisse pas être montée ou descendue à volonté. A moins bien sûr que cet intermission soit totalement volontaire.

à demander à Dallas peut être devant le prochain tapis roulant; -)

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