U2, Berlin, Pride, de la pluie et des saucisses

, par SR&R 17 commentaires

C’est peu dire que le déroulement de la tournée anniversaire de The Joshua Tree nous laissait sceptique. Autant les débuts avaient fait naître de l’attente, autant la poursuite du leg américain avait vite calmé nos ardeurs. Il était temps de voir cela en vrai.

C’est la première fois depuis le Vertigo Tour de 2005 que notre petite équipe n’était pas de l’ouverture d’une nouvelle tournée de U2. Un petit pincement au coeur. Il fallait donc se choisir une ville où le groupe produit généralement de bonnes performances pour compenser. C’est à Berlin que revint cet honneur.

Pour que la fête soit totale, choix est fait de se rendre tôt au concert, histoire de jouir de la rigueur germanique qui veut qu’une file reste droite et que les resquilleurs soient châtiés. Nous ne serons pas déçus, les teutons demeurent un peuple bien élevé. Malheureusement pour nous, une autre habitude venue du Reich nous cueille ce mercredi 12 juillet: la drache. Il pleuvra à peu près sans discontinuer du matin jusqu’au soir, de quoi humidifier sans problème la plus sèche des copines de l’ami Pascal…

Une fois dans le stade, un étonnement, la scène est terriblement haute, au point d’empêcher aux spectateurs du premier rang de voir les points de suture de Larry Mullen Jr., et le runway est extrêmement court, au point de mettre à mal notre stratégie de placement initial. Nous voici néanmoins installés – sous la pluie – sur la droite de ce brave batteur lorsque celui-ci se trouve sur le b-stage. D’ici, nous verrons parfaitement le gros cul de Bono lorsqu’il viendra y faire «comme si U2 faisait la première partie de U2».

L’Olympiastadion avant l’ouverture des portes (© Joy Davidse)

Face à nos propres doutes, nous nous étions mis d’accord sur un point: aller à ce concert avec un état d’esprit positif. L’ami Bertrand osait même un: «Ce soir, je vais aimer Pride et le chanter comme si c’était la première fois que je l’entendais». Passé l’envie de vomir, nous acceptions ce postulat, à défaut de cautionner. Mais évidemment, ce que nous attendions avant toute autre chose, c’était la face B du célèbre album.

C’est par un imbroglio digne du Watergate que débute ce concert. Pour cause de pluie, l’équipe de tournée décide de laisser une petite tente au-dessus de Larry «freezy face» Mullen. La pluie cessant quelques minutes, voilà les roadies prit d’une soudaine envie: retirer le chapiteau. Erreur majeure: à peine les premiers coups de batterie de Sunday Bloody Sunday ont-ils retenti que l’averse recommence. Voilà donc le staff obligé de réinstaller le protège batteur entre NYD et Bad. Un interlude permettant à Bono de chanter un Singing In The Rain fort approprié. A noter que Larry a profité lui de l’occasion pour passer une soufflante à un membre de l’équipe pour son manque de discernement. Grand bien lui en a pris.

Le concert est cette fois bel et bien lancé. Si les notes de Bad nous font regretter A Sort Of Homecoming (mais dans quel monde peut-on vraiment regretter Bad?!), la version est comme à Londres, de toute beauté. La reprise du Heroes de David Bowie donne de la force au morceau, qui n’en manque pas par ailleurs. Le couplet en allemand, repris à tue-tête par l’ami Pedro, fera le délice de la foule teutonne toujours prompte à s’enthousiasmer pour un bon orateur.

Et voilà The Joshua Tree. Passons la face A, certes correcte mais sans surprise. La suite est en revanche un orgasme longue durée. Pour ne pas paraître grandiloquents, disons simplement que ces six morceaux sont à la hauteur de notre attente et croyez-nous, le niveau était assez élevé. Certains membres de notre trio ont même été particulièrement émus à l’écoute de ces titres jamais entendus en live. S’il est difficile d’en détacher un plus que les autres, Exit a forcément une place à part tant il était improbable que U2 accepte de le rejouer un jour. Bono y campe un personnage sombre, violent, noué par les contradictions qui font les Etats-Unis, a fortiori ceux de Donald Trump. C’est dans un drôle d’état que nous laissera finalement ce titre ô combien symbolique de la période du Joshua Tree.

Bono sous la pluie durant le highlight Exit (© Joy Davidse)

La dernière partie a ses hauts et ses bas. Ses bas, ce sont Miss Sarajevo, relativement sans intérêt, et One, qui colle au groupe comme une verrue sous le pied d’un zadiste. Tout le reste vous collera en revanche les frissons qui vont bien. Notamment le trio Beautiful Day (oui, oui, qui l’eut cru!!), Elevation et Vertigo qui achèvent tout autant le public que Bono, alors à bout de souffle. Quant à Mysterious Ways, que l’ami Cyril avait prévu de huer, c’est la bonne surprise. Si le groupe ne se prive pas de reprendre tout ce qui a fait le succès de ce morceau dans le passé, à la différence de 2015, il est joué avec enthousiasme, force et plaisir. La spectatrice qui montera ce soir-là sur scène avec le gros Bono apportera ce qu’il faut de bonnassitude pour rendre le bazar presque excitant. Notons ici que le chanteur ne sait pas différencier le devant du derrière d’une caméra.

Parlons enfin de ce fameux écran, du 8K et de tout le tralala. Sur photo, voire sur YouTube, l’ensemble avait de la gueule. En vrai, cela est renversant. Certes, les réelles innovations ne sont pas légion, mais la qualité des images est totalement bluffante et les films réalisés par Anton Corbijn et le français JR, superbes.

Vous l’aurez compris chers lecteurs, nous y allions avec la crainte de vivre une purge et nous en sommes sortis remplis de souvenirs et d’émotions. Plus qu’à tous les concerts de 2015, exception faite sans doute du concert parisien du 6 décembre, mais pour des raisons exceptionnelles. De quoi relancer peut-être l’intérêt de leur prochain passage au Stade de France.

Discussions

17 commentaires ont été publiés pour cet article.

Vincent

Alors là, qu’il l’eut cru ?! Je connaissais votre grande maîtrise de l’art du contre-pied, mais je ne pensais pas que vous reviendrez de votre périple berlinois avec une revue de concert aussi positive. Sans doute n’attendiez vous rien de ce karaoké géant, et c’est peut être pour cela que vous avez apprécié la prestation du groupe. En revanche, je ne comprends pas que vous ayez davantage apprécié que l’IE Tour. La première partie des concerts de 2015 était dense et ambitieuse, il me semble. Ce qui n’est pas le cas en 2017. Personnellement, je persite à croire que l’ensemble de la prestation du groupe est faible, y compris sur la face B, exceptés One tree Hill, Exit et Mothers. Je ne suis pas contre jouer les vieux titres bien au contraire. Mais je me déplacerai quand le groupe fera des choix ambitieux, comme lors du concert du Roxy en 2015. En tous cas, merci pour votre texte et votre indépendance d’esprit !

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Cyril

Si tu attends que U2 fasse du Roxy, tu risques d’attendre longtemps ;) Et pour les défendre, je dirais que c’est forcément de faire un « one shot » qu’une tournée mondiale.
Concernant le I+E Tour, il est tout à fait possible que les concerts auxquels nous avons assisté n’étaient pas les meilleurs. Malgré une première partie très ambitieuse (tu as raison), l’ensemble manquait de ce petit quelque chose qui fait le succès de U2 en concert. Il y était en 2009/10/11 et je trouve aussi sur ce concert berlinois.
Et ils l’avaient aussi lors des deux soirs de décembre 2015 pour les raisons qu’on sait.

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Vincent

Ce petit quelque chose qui manque, ne serait-ce pas de l’engagement ? Depuis plusieurs années, j’ai l’impression que le groupe est, en concert, en pilotage automatique. Pas dans le sens à chercher à jouer différentes set list car ils ne l’ont jamais fait. Mais le groupe se contente d’interprétations ultra classiques de leurs morceaux, par ailleurs les plus connus. C’est aussi lié à Bono, qui, depuis ses divers problèmes de santé, est physiquement plus à l’économie. Et puis, point à mon sens sous estimé, cela fait quelques années que le groupe évolue sans son 5e membre, Paul Mc Guiness. Son implication et sa propension à la prise de risque contrôlée manquent au groupe, à mon avis.

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guffanti

Il semblerait qie la météo devrait être la même que Berlin Mardi et Mercredi sur Paris.
J’espère que les prévisions vont changer.

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Joshua03

Il vous en faut peu. Un concert inegal et d un ennui a mourir sur certains morceaux.

+ sbs , bad (magnifique heroes), exit ,red hill , l enchainement bd elevation vertigo

– bono raconte toujours autant de conneries et devrait garder son energie au public car jamais eu autant l impression d avoir d avoir des papis
– intro massacree de bd, miss sarajevo ridicule, pride one sans interet.
– on rajoute l enorme creux apres running ou le groupe n a aucun plaisir et on arrive a un concert decevant.

Ca m a vraiment fait mal de voir autant d ennui a un concert de u2 meme si il y avait loin d avoir des ados on sentait la deception sur les tetes.

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bert

Tu es dur, je n’ai pas ressenti cet ennui dont tu parles, ni dans la fosse ni au niveau du groupe.

Personnellement, je n’ai pas trouvé les 4 premiers titres particulièrement intéressants, même Bad finalement ne m’est pas indispensable.

Le concert commence vraiment avec Streets et le passage Joshua Tree est brillant, bien aidé au départ par l’écran et les visuels qui défilent. De Running à Mothers, on trouve tout ce qu’on cherche chez U2 depuis des années : de la fraicheur. Je n’ai jamais connu un passage pareil dans un concert de U2 où le groupe enchaine des titres qu’il ne joue jamais en live (et ne jouera jamais plus d’ailleurs). Ce n’est sûrement pas leurs meilleurs titres, une partie du public s’emmerde sans doute, mais moi c’est ce que je viens chercher et je paierais très très cher pour avoir un concert complet avec uniquement ce genre de morceaux. J’en suis sorti totalement retourné.

Le reste n’est que détail. Oui Miss Sarajevo et One sont une vraie purge. Beautiful Day est jouée n’importe comment. Mais au milieu il y a Elevation, Vertigo, et Mysterious Ways qui lèvent tout le stade et transcendent tout le monde, même sous la flotte.

Au final j’ai passé un bien meilleur moment que sur le IE Tour.

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joshuatree03

je respecte ton opinion bert j ai essayé d y aller positivement et je me suis raccroché pendant le concert aux quelques éclairs.
J ai trouvé la voix de bono plutot bonne c etait deja une agréable surprise mais apres le sentiment de karaokee , le jeu de scene minimaliste qui ne porte pas les morceaux en manque d intensité , les discours épuisants et les morceaux baclés ne passent pas.
J ai fait 9 concerts de u2 et c est de très loin le plus décevant . heureusement que j ai réussi à voir un ticket à 50 euros ( on m a meme proposé une place gratuite ensuite tellement la revente était impossible) car ca ne valait guère plus.

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Bouba

Bon vous me redonnez espoir…je décolle vendredi pour Dublin….suis je fou d’espérer bad et asoh pour leur retour à croke park???

Content que vous ayez pris du plaisir c’est bien là l’essentiel les gars

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bert

Mieux vaut ne rien espérer, c’est le meilleur moyen d’être déçu ;)

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wiky

Ah ! On y arrive enfin :P

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guffanti

Effectivement depuis Londres je trouve que le groupe a l’envie en plus et Bono a une voix impeccable.
Si avec ça U2 avait la bonne idée de jouer a Paris la méme setlist qu’a Rome ( surtout si le public et aussi bon que les italiens) ça devrait etre trés bon.

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Sebtana

Les goûts et les couleurs ne se discutant pas, on n’ira pas jusqu’à disserter sur vos disgressions qui en y réfléchissant sont assez encourageantes, quoi que beaucoup seraient psychiatriquement à approfondir. Par contre, vous pouvez allègrement vous passer de vos allusions pourries quant au Reich, pour une fois ça vous rendrait lisibles. Une dernière chose enfin, quittez le monde de la Critique, vous devenez incompétents et vulgaires.

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Cyril

La vulgarité est particulièrement jouissive quand elle froisse des gens comme toi, qui nous semblent aussi intéressants à lire que le dernier Marc Lévy. Une dernière chose enfin, ne viens plus ici, cesse de te faire du mal car cela aussi mériterait une analyse « psychiatriquement approfondie ». Bisous

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Sebtana

Hou là là, pas content le Monsieur qui voulait devenir écrivain ! Parlant de vulgarité, j’évoquais juste vos propos au sujet du peuple allemand associé ici à des paramètres n’ayant rien à voir avec un concert de U2. Vous égarer à ce point sur ces jugements de forme curieux, condamnables mais très habituels chez U2srnr.com montre votre incompétence en matière de fond, ici musical. Après, rassurez-vous, vous ne froissez personne, vous nous faites rire, surtout quand on lit que votre jouissance est au bout de votre petite plume… À samedi dans les rues de Dublin ou plus tard dans celles de Paris, mon bisou sera allemand ou italien…

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Cyril

Le principe, c’est que comme nous sommes ici chez nous, on écrit ce que bon nous semble (dans la limite de la loi). Et qu’on associe ce qui nous amuse d’associer, peu importe que cela t’apparaisse comme un égarement ou que tu estimes que nos propos sont condamnables.
Quant à notre incompétence en matière de fond, elle est patente et revendiquée. Chacun son credo.

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Sebtana

Hallelujah !!! On a trouvé un site sur U2 communautariste, préférant l’entre-soi et prêchant les croisades du bien contre le mal. Vos rares lecteurs apprécieront. Heureusement qu’il y a la loi finalement pour ne pas aller trop loin! Vous avez raison, vous n’avez absolument rien à voir avec U2. À samedi donc, on devrait vous reconnaître facilement avec votre baguette et votre béret.

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Cyril

On me signale dans l’oreillette que tes messages étaient déjà du même acabit il y a deux ans. Ne m’en veux pas, je t’avais oublié. Rassurant de voir que tu es toujours un peu le même.

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