U2 Sucking Rock And Roll

In A Little While est un titre rythmé et coloré, une jolie chanson d’amour parlant de distance et de l’impatience de retrouver l’autre. On aime particulièrement la performance du chanteur, très en verve sur la version studio, même si son registre sera bien difficile à reproduire ensuite en live. Jouée lors de l’Elevation Tour en hommage à Joey Ramone, décédé après avoir écouté le titre selon la légende, In A Little While quittera les setlists à mi-tournée pour ne réapparaître brièvement que sur le 360° Tour.

Book Of Your Heart est considérée par beaucoup comme l’une des meilleures pièces de Songs Of Experience, mais c’est oublier qu’elle n’est sortie qu’en face B, recalée par le groupe au moment de valider sa tracklist. Compte tenu de ce statut, on l’aurait d’ailleurs souhaitée un peu plus aventureuse.

Two Hearts Beat As One est un morceau bien construit, rythmé, et sorti en single de War, mais forcément éclipsé par les tubes Sunday Bloody Sunday et New Year’s Day. Il ne survivra pas à l’Unforgettable Fire Tour malgré trois apparitions de bonnes factures mais restées sans lendemain lors de l’Innocence + Experience Tour en 2015.

Winter est une belle réussite, un titre singulier, atmosphérique, plein de caractère et sortant des sentiers battus. On aime sa construction progressive et la prestation soignée de Bono. Ce morceau aurait eu toute sa place sur No Line On The Horizon, dommage que le groupe n’ait pas osé.

Bono présenta Summer Of Love comme « une chanson romantique avec des nuages noirs au-dessus de la tête », et effectivement cette définition lui colle bien à la peau. On ne s’attend pas à ce qu’une love-song estivale d’apparence si légère traite en fait des rues dévastées d’Alep et de la guerre en Syrie, mais c’est ce qui lui donne tout son caractère. Musicalement le titre est porté par un riff de guitare distinctif et très réussi mais, autre paradoxe, totalement étranger à U2 puisqu’il fut offert par One Republic. Et ça avouons-le, ça fait un peu mal.

Pour U2, écrire et enregistrer un morceau est parfois un très long processus. Il faut remonter à 1986 pour découvrir la première trace de Wake Up Dead Man, mentionnée par Bono lors d’une interview. En 1993, le nom du titre est présent dans le design de la pochette de Zooropa. Mais c’est sur Pop qu’il finira par sortir. Planqué en dernière position, il en est pourtant l’un des meilleurs morceaux, injustement boudé et ignoré par à peu près tout le monde. On apprécie particulièrement ses interprétations live dépouillées en introduction de Walk On durant l’Elevation Tour.

Sorti en second single de No Line On The Horizon, Magnificent est un savant mélange entre le savoir-faire de U2 pour les hit singles, efficaces et rythmés, et l’originalité des sonorités marocaines propres à l’album. Il en est l’une des pièces maîtresses. On aime particulièrement la montée progressive de l’introduction, le tempo presque « dance » du morceau, la richesse de sa production, et le riff de guitare. Malheureusement le titre ne se révélera pas à la hauteur des espérances en live.

Red Hill Mining Town devait être le second single de The Joshua Tree mais fut finalement mis de côté au profit de I Still Haven’t Found What I’m Looking For. L’ami Larry, toujours mesuré, déclara que le titre était « sur-produit et sous-écrit ». On y voit plutôt un bon titre avec beaucoup de potentiel dont le principal défaut est sans doute d’être perdu au milieu de The Joshua Tree et éclipsé par les multiples pépites de l’album. Le morceau nous séduira d’ailleurs en 2017 lors de la tournée hommage à Joshua Tree, notamment grâce à l’accompagnement d’une fanfare diffusée sur l’écran.

Breathe avait le potentiel pour être le sommet de No Line On The Horizon. Ce titre, un pur titre classique rock, fut d’ailleurs une excellente surprise à l’époque et largement vendu par le groupe et son entourage. Brian Eno y vit d’ailleurs l’un des meilleurs morceaux de leur carrière. Mais il lui manque un petit quelque chose pour en faire un chef d’oeuvre, peut-être un brin de folie ou une vraie envergure en live. Joué en ouverture du 360° Tour en 2009, il n’a pas totalement convaincu dans ce rôle.

A ce jour, Numb est le dernier titre de la carrière de U2 à être chanté par The Edge et cela lui vaut bien une place de choix dans notre classement. Ce titre particulier, hors norme dans sa construction, symbolise bien les spécificités expérimentales de Zooropa. Un titre couillu, fer de lance d’un groupe alors au sommet de sa créativité.

Voilà un titre que les U2 auront eu bien du mal à écrire. Après Glastonbury, joué sur scène lors du 360° Tour, et Volcano, sorti sur Songs Of Innocence, American Soul est la troisième phase d’une seule et même démo. On se demande d’ailleurs si on doit s’attendre à une quatrième version un jour. Musicalement admettons néanmoins que ce titre de Songs Of Experience en est la version la plus aboutie, un titre rock efficace et engagé, évoquant parfois Love And Peace Or Else ou Bullet The Blue Sky. Un genre dans lequel le groupe excelle.

Ah cette basse! Ah ces sons de guitare dans tous les sens! Ah ce refrain qui claque comme une gifle en pleine figure! New York est un gros morceau, un vrai titre rock, dans lequel U2 sort un peu de la recherche du tube fédérateur ultime. Un genre de Miami mais plus abouti, mieux produit, et beaucoup mieux réussi. Sa version live entendue au Man Ray un soir d’octobre 2000 reste un souvenir impérissable.

Avec Sleep Like A Baby Tonight, U2 nous propose une ballade magnifique sur un sujet délicat de l’Irlande des années 70, parfaitement ancrée dans l’univers de Songs Of Innocence. Ce morceau est musicalement un sommet de l’album, un de ces moments où le groupe excelle en sortant de ses formats habituels. On aurait adoré entendre le titre en live.

Miracle Drug est un bon titre d’How To Dismantle An Atomic Bomb que l’on apprécie pour sa production léchée, sa montée progressive, et les présences de The Edge et Larry au chant, ce qui – pour ce dernier – est assez rare. On regrette cependant qu’il n’ait pas réussi à s’imposer en concert, la dernière tentative opérée au début de l’Innocence + Experience Tour sonnant probablement le glas de sa carrière live.

Mysterious Ways est le titre d’Achtung Baby qui a connu le plus de succès après One sur la bande FM. Joyeux, rythmé, il est apprécié pour son côté dansant et les boucles de guitare de The Edge. Ce dernier lui doit d’ailleurs sa deuxième femme. Quasiment incontournable en live, il offre généralement un bon moment et permet de sortir la boule à facettes qui va bien. Néanmoins l’overdose est proche.

On était en droit de craindre le pire vu le nom du morceau, mais il y a quelque chose d’attachant dans Yahweh. On aime particulièrement la version alternative, sortie en bonus de The Complete U2, plus propre et plus directe que la version originale d’How To Dismantle An Atomic Bomb. La version live, dépouillée et avec l’ami Larry au clavier, évoque le souvenir des agréables dates estivales du Vertigo Tour et du sympathique clip accompagnant la chanson.

Née d’une mélodie de guitare dégotée par The Edge durant l’hiver 1988, All I Want Is You fut transcendée par ses arrangements au violon et son somptueux final instrumental. C’est un titre singulier, quasiment unique dans la discographie du groupe, et l’une de leurs toutes meilleures clôtures d’album. Mais malgré quelques bons passages, c’est aussi un titre qui n’a pas su s’imposer en concert, souvent cantonné à un rôle de second couteau, et nettement moins intéressant une fois amputé de ses arrangements studio.

Zoo Station porte en lui la réinvention musicale opérée par U2 avec Achtung Baby. Aucun autre titre, hormis The Fly, ne symbolise mieux le virage pris par le groupe vers les sonorités électroniques et industrielles. Trente ans plus tard, le morceau n’a pas vieilli et on se surprend encore aujourd’hui à l’écouter avec nostalgie en repensant à la claque reçue à l’époque. Fantastique titre d’ouverture lors du Zoo TV Tour, la suite de sa carrière live n’atteindra malheureusement plus jamais ces sommets. On aurait peut-être aimé que U2 le revisite à un moment ou un autre.

Last Night On Earth est un morceau efficace dont on apprécie les changements de rythme et le refrain taillé pour les stades. Beaucoup critiqué pour avoir été enregistré à l’arrache lors de la dernière nuit d’enregistrement de Pop, il en tire néanmoins un avantage intéressant avec la mise en avant de The Edge au chant sur les refrains et le pont. On préfère même le mix de la version album, plus brut et moins artificiel, à celui de la version single. En concert, le titre fut un brillant compagnon à Until The End Of The World lors du Popmart Tour et aurait mérité de se faire une petite place dans quelques setlists lors des tournées suivantes.

Durant les longues sessions d’enregistrement d’Achtung Baby, U2 s’est débattu des mois avec une démo appelée Take You Down. Cette démo, particulièrement fertile, engendrera finalement trois morceaux distincts : The Fly, Ultraviolet, et Lady With The Spinning Head. Ce dernier ne fera pas son trou sur l’album mais se révèlera être l’une des meilleurs faces B du groupe, notamment dans sa version Extended Dance Mix.

Your Blue Room est sans doute le meilleur titre de la période Passengers, une superbe ballade mid-tempo à la basse envoûtante et la production léchée. Bono y passe d’un registre à un autre, chuchotant d’une voix grave sur les couplets pour monter dans des aigus quasi-féminins sur les refrains. On aime entendre Adam en fin de morceau. Joué sept fois en concert sur le 360° Tour, le titre apporta un peu de fraîcheur et un duo virtuel intéressant avec Sinead O’Connor, juste avant que celle-ci ne devienne folle à lier.

Sortie en second single de l’album éponyme, The Unforgettable Fire est déjà un tournant dans la jeune carrière de U2. Cette chanson aux sonorités atmosphériques et ambiant est le symbole d’un album qui fera franchir un palier au groupe, sous l’influence de Brian Eno et Daniel Lanois. La composition est soignée, riche musicalement, et semble à des années lumière des titres plus bruts des trois premiers albums. Trente ans plus tard, le titre a plutôt bien vieilli et fut d’ailleurs très à son aise sur le scène du 360° Tour.

Placée à la toute fin de l’album et dotée d’un mix plutôt sobre, The Electric Co n’est pas vraiment mise en valeur sur Boy. C’est en live que ce titre prendra toute sa dimension et se révèlera être un vrai dynamiteur de concert, souvent enchaîné au mini-morceau « The Cry ». Son retour dans les setlists en 2005 lors du Vertigo Tour après vingt ans d’absence, puis plus sporadiquement en 2015, fut un vrai bonheur. A chaque fois une belle occasion pour Bono de montrer qu’il sait cracher de l’eau et jeter sa bouteille sur son public.

In God’s Country est l’un des titres les plus rapides de U2 et c’est évidemment pour ça qu’on l’aime. La composition est efficace et laisse la place à une guitare omniprésente, limpide, et qui vous claque au visage. C’est aussi un morceau qui joue sur l’imagerie et dont les sonorités vous transportent loin, très loin, dans les grands espaces où l’horizon s’étend à l’infini. Une belle réussite dans le contexte de The Joshua Tree.

Stay (Faraway, So Close!) est une ballade à la mélodie imparable et universelle. C’est le titre le moins expérimental de Zooropa et celui qui connaitra le plus grand succès auprès du public. On préfère à la version album celle de la bande originale du film « Faraway, So Close » de Wim Wenders, plus percutante et mieux produite. Stay fait certainement partie des grands tubes de la carrière de U2 mais avec le bémol de ne pas pouvoir se mesurer à des sommets comme One ou With Or Without You. On regrettera son évolution en live, trop souvent cantonnée à des versions acoustiques lassantes, malgré quelques interprétations groupe complet (inespérées) en fin de tournée 2018.

One Tree Hill est un peu la perle cachée de The Joshua Tree. Eclipsé par les tubes planétaires de la face A de l’album, ce titre forme avec Exit le point culminant de sa face B. Un morceau poignant écrit en hommage à Greg Carroll, si fort émotionnellement que Bono mit du temps à pouvoir le chanter correctement en concert. On l’aime évidemment pour cette intensité et l’histoire d’amitié dont il témoigne.

Moment Of Surrender est une ballade magique et intemporelle issue des sessions d’enregistrement de No Line On The Horizon à Fez. Né d’une improvisation à la baguette de Brian Eno, le titre s’étend sans complexe sur plus de sept minutes et est ainsi le plus long jamais sorti sur un album de U2. C’est sans conteste une pièce majeure du U2 des années 2010, unanimement acclamée pour sa montée crescendo, sa mélodie entêtante, et sa version live sublimée par son final rappé.

Choisie en 1979 pour être en face A de l’EP Three lors d’un sondage organisé à la radio, Out Of Control avait déjà à l’époque les faveurs du public. Ré-enregistrée l’année suivante pour sortir sur Boy, la chanson fut, avec I Will Follow, l’une des deux pépites qui lancèrent la carrière de U2. Un titre rock simple, au son brut mais redoutablement efficace. Quarante ans plus tard, il a su garder la fraîcheur et la candeur de ses débuts, et il embarque toujours autant les foules à chaque sortie en concert.

Single principal de Rattle And Hum, Desire fut un succès commercial et le premier titre de U2 à être numéro un au Royaume-Uni et à remporter un Grammy Award. Il faut dire qu’il est particulièrement bien adapté à la radio par son format court et son rythme rapide. On aime particulièrement son énergie, le groove d’Adam, et les paroles qui mettent déjà Bono sur les rails des personnages qu’il interprétera plus tard sur Achtung Baby. En concert le morceau s’avérera plein de ressources, séduisant aussi bien en version électrique traditionnelle, que dans sa version mégalo et déjantée du Zoo TV ou dans la sobriété de l’acoustique. Fucking beautiful.

So Cruel n’est pas un titre très populaire et n’a eu droit en tout et pour tout qu’à trois (courtes) interprétations live par Bono en solo. C’est pourtant un morceau typique d’Achtung Baby, une ballade mélancolique et sombre au possible qui nous renvoie aux doutes et aux difficultés connues à l’époque par le groupe, notamment par The Edge dans sa vie de couple. Un titre à la mélodie attachante, très bien produit et très riche sur le plan sonore. La version chantée par Bono, seul, dans une salle des Hansa Studios pour le film From The Sky Down est à réécouter absolument.

Avec Original Of The Species, U2 fait dans la chanson pop mais sans verser dans la guimauve. Ecrit initialement en hommage à l’une des filles de The Edge, le titre est l’une des plus belles pièces de How To Dismantle An Atomic Bomb et probablement sa meilleure composition. Un morceau soigné et plein de finesse, bourré d’humilité et d’optimisme. Le genre de morceau qui s’accorde à merveille avec un orchestre.

Who’s Gonna Ride Your Wild Horses est un titre complexe qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Né dans la difficulté, pas totalement convaincant sur Achtung Baby, il fut transformé lors de sa sortie en single dans une version plus acoustique que l’originale. Difficile à jouer en live, il n’est joué que par intermittence, réapparaissant tous les dix ans au gré de l’inspiration du groupe, oscillant entre l’électrique et l’acoustique, à chaque fois pour notre plus grand plaisir. Voilà un titre qui se bonifie avec le temps et dont la rareté et le mouvement perpétuel font la qualité. Sa version 2018 sera l’une des rares satisfactions incontestables de la fin de la tournée Experience + Innocence.

Raised By Wolves raconte cette fin d’après-midi de 1974 au cours de laquelle trois bombes explosèrent en plein de coeur de Dublin, marquant Bono – alors adolescent – pour toujours. Quarante ans plus tard, le chanteur signe un morceau puissant, chargé d’électricité, et dont la grande réussite est de traduire la douleur et la colère autant dans le texte que dans la musique. Le titre prendra une dimension encore supérieure en concert par sa mise en scène. L’un des titres centraux du concept de Songs Of Innocence et une franche réussite artistique pour le groupe.

Avec Song For Someone, U2 signe une chanson d’amour simple et sincère, un regard émouvant sur le jeune Bono tenant de séduire son premier amour, et s’engageant dans une relation qui durera toute une vie. On aime l’efficacité de la mélodie, le mélange d’acoustique et d’électrique, et la beauté simple de ce morceau. Le clip mettant en scène Woody Harrelson et sa fille est un monument.

Véritable déclaration d’amour à une Amérique idéalisée, Heartland tire son origine d’un road-trip effectué par Bono et Adam au coeur du pays. Le titre respire d’ailleurs le dépaysement, son rythme lent et progressif porte à la rêverie. Travaillé dès les sessions de The Unforgettable Fire, le morceau en a les sonorités et passe pour un classique U2, semblant un peu à part dans l’ambiance blues de Rattle And Hum. Il en est néanmoins le meilleur titre, une vraie perle, injustement méconnue, sous-estimée, et malheureusement jamais jouée en live.

Dirty Day est un titre sombre, parlant d’abandon, et inspiré d’une expression utilisée par le père de Bono. On aime cette noirceur et l’hommage à Charles Bukowski qu’il contient. On aime également les changements de rythme sur lequel le morceau est basé, alternant des couplets lents bercés par la basse d’Adam et des refrains plus violents dans lesquels Edge entre en scène. Un style que U2 maitrise comme personne. On aurait aimé que le titre ait sa chance en concert au cours des vingt-cinq dernières années, bien avant le récent dépoussiérage étonnant et tardif effectué sur la scène de l’Experience + Innocence Tour, même s’il en valait largement la peine.

Soyons honnête le seul défaut de Landlady est de finir trop tôt. Cette ballade est l’un des sommets de Songs Of Experience. Bien écrite, bien chantée, jouée avec classe et retenue, elle est tout ce qu’on attend de U2 pour la fin de sa carrière. Une pépite à consommer sans modération. Ecrite pour Ali, la chanson nous permet de mesurer le chemin parcouru par U2 depuis Sweetest Thing. Et ainsi d’illustrer, bien mieux encore que deux années de concerts, les concepts d’innocence et d’expérience.

Dès l’introduction, Unknown Caller nous séduit et nous plonge dans l’ambiance d’une matinée ensoleillée à Fès. Ces sonorités orientales, qui sont le charme génial de No Line On The Horizon, font ici merveille. Le titre se transforme en une ballade superbe faisant la part belle aux chœurs (auxquels participent Eno et Lanois) et à la guitare, omniprésente jusqu’au brillant solo final. Un titre mélodieux, subtile, parfaitement produit, et au plaisir communicatif. Le karaoké géant proposé sur la scène du 360° Tour en 2009 était une idée brillante, injustement et trop rapidement abandonnée.

Le groupe a longtemps travaillé sur une démo appelée « The Real Thing » avant de l’affubler d’un nom plus ironique qui colle parfaitement au thème qu’elle aborde : la superficialité, notamment celle que Bono observait alors à la télévision et dans les spots publicitaires. En cela Even Better Than The Real Thing est sans doute la première manifestation visible du Zoo TV Tour et de sa critique ouverte des médias, ce qui lui confère une importance majeure. Le titre aura une belle carrière live lors de Zoo TV, de Popmart, et même ponctuellement lors de l’Elevation Tour, avant d’être complètement redécouvert grâce à un remix qui fera fureur sur les scènes du 360° Tour et de l’Innocence + Experience Tour.

Trop terne et trop froid sur Pop, dopé artificiellement aux stéroïdes dans sa version single, c’est en live sur le Popmart Tour que Please est devenu un véritable monument. Tout bascule à partir du pont, de l’idée géniale d’incorporer la batterie de Sunday Bloody Sunday, jusqu’à l’enchaînement sublime avec Where The Streets Have No Name et les incantations de Bono au bord des larmes. En trois minutes trente, Please passe du bon titre au chef d’oeuvre. Il offre un moment de magie pure dont seul U2 a le secret. Pourquoi diable s’en priver depuis ?

A Sort Of Homecoming est l’une des plus belles compositions de U2, un titre qui brille par son efficacité en ouverture d’album et qui annonce le reste de The Unforgettable Fire de manière magistrale. On y découvre le nouveau son de U2, plus riche et travaillé, et qui le conduira 3 ans plus tard au sommet. On aime la construction du morceau, sa puissance et sa grande maturité. La version live sortie sur Wide Awake In America est superbe.

Aucune autre face B n’est classée plus haut dans notre classement. The Crystal Ballroom est toujours, quatre ans après sa sortie, une énorme claque. Un titre qui aurait eu sa place sur Songs Of Innocence s’il n’en avait pas été si éloigné artistiquement. U2 y expérimente un son inhabituel, évoquant par moment les Black Keys et probablement inspiré par Danger Mouse à la production. Un son qui fonctionne à merveille et qu’on aurait aimé entendre plus souvent en concert, d’autant que le snippet de Miss You, ajouté lors de sa seconde interprétation, était brillant.

Avec Lights Of Home, U2 signe un titre mid-tempo soigné et efficace, dans la droite lignée de ce qu’on peut attendre du groupe pour sa fin de carrière. Un morceau particulièrement enthousiasmant dans sa version « St Peter’s String », témoignant d’une grande richesse sonore, d’influences blues et gospel, et parfaitement ancré dans le concept d’expérience. On aime les paroles très personnelles de Bono et les choeurs finaux plein d’optimisme.